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Refuge Pageau

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C’est un peu comme si ça avait été son grand jardin

Il voulait que sa cour arrière soit belle Ça a été bâti à travers de ce qui a été apporté Ça a décollé à cause d’un  orignal qu’on ne pouvait pas laisser lousse quelque part pas de clôture. Après ça il est arrivé un autre animal
Ou est-ce qu’on va le mettre ? Faque là on a bâti quelque chose d’autre. C’est pas parti de dire : un jour moi j’ai un rêve je vais bâtir un refuge et faire les choses comme ça. Les choses sont arrivées et il y a eu réaction par dessus réaction et ça a mené à ou on est rendus aujourd’hui. La mission c’est de s’attarder même aux animaux les plus futiles. C’est de partir à la base. C’est de recevoir, d’évaluer, de tenter la réhabilitation le plus possible. Ensuite de ça, offrir, lorsque c’est possible, une place en captivité.

Un bébé orignal, en général, si tu le vois quelque part, à moins que sa mère soit étendue morte à côté… Tu ne le ramasses pas. Elle n’est pas loin. Ça ne laisse pas son bébé là pour s’en aller à l’hôtel, un orignal. Les gens ont souvent le réflèxe de dire pauvre petit, il est tout seul, et le ramasser.

C’est là qu’on fait notre mission d’éducation, c’est de rendre les gens plus conscients. On ne va pas réinventer le monde. On se promène sur des trottoirs de bois au Refuge Pageau.
Pour qu’il y ait des trottoirs de bois, faut couper des arbres. Quand on coupe des arbres, on fait le bordel. On est là nous autres. C’est ça notre place. Des faiseux de bordels dans ce bel environnement là.

Est-ce qu’on peut essayer de le faire bien, d’être conscients de ce qu’on fait. Quand il se passe de quoi de réagir plus adéquatement que de s’en sacrer tout simplement. Parce qu’il n’y en a pas de vraie solution. Je ne pense pas que la vraie solution c’est d’arrêter de couper du bois, d’arrêter d’aller à la chasse. Je pense pas que c’est ça la solution. C’est d’essayer de le faire le mieux possible, le plus proprement possible. J’ai commencé à tous les matins, il y a 20 ans, à faire le tour des épiceries avec Michel Pageau, qui est mon beau-père. C’est vraiment une base importante de l’alimentation du refuge. C’est sûr qu’on achète aussi. On achète des moulées spéciales. On récupère aussi plein de choses. Les épiceries ont toujours dit oui. À la base, c’est des relations entre Michel et les épiciers. Faut pas que ça s’arrête non plus, ça s’arrêterait… ça ne serait vraiment pas intéressant
pour nous, ce serait difficle. Là on voit des belles truites arcs-en-ciel un peu mortes.

Qu’est ce que ça mange une pyguarge à tête blanche ?

Des saumons morts qui finissent de frayer. C’est exactement sa bouffe avec la qualité de bouffe qu’il veut. Ça irait se faire enterrer au dépotoir. Nous on le pogne, on le vide. Ça sert. On le recycle.

C’est du donnant-donnant.On a besoin que ça continue, il faut que ça continue. Michel Pageau a vraiment été un précurseur. Ce qu’il a bâti là, ça a emmené beaucoup de gens à vouloir faire un peu comme lui. Je pense que ça prend une communauté, ça prend du monde qui le soutient. Pis ça prenait, à l’époque, une méchante tête de cochon. Ça a pas été facile pour lui. Plein de monde disaient que ça allait pas marcher son affaire. Ah check ça comment sont fins mes gars. Ils ne savent pas qu’on est là. C’est un peu ce qui fait qu’on a des beaux animaux. C’est ce gros travail là.Parce que les orignaux sont des animaux difficiles à garder en bonne santé en captivité.
Le secret, c’est le jus de bras de ces gars là qui apportent tous les jours la nourriture la plus naturelle possible aux orignaux. On y va dans les essences que les orignaux mangent. Ça en prend des grosses quantités à tous les jours. À un moment donné, il y a ça d’épais de neige en Abitibi-Témiscamingue. C’est la même corvée, avec d’autres outils mais elle devient de plus en plus difficile. Quand l’été arrive, les gars sont contents. Ils en profitent eux-autres aussi.

Kevin, j’aimerais ça pouvoir faire le tas de branches que lui a coupé en un an. Ça fait longtemps qu’il coupe
pis il coupe à tous les jours. Un jour pas si lointain mon Kevin va s’en aller, pis il va y en avoir un autre. Le petit Tommy ça va être lui qui va prendre le lead cet hiver. C’est comme ça, ça roule. Ce qui fait le succès de nos belles bêtes, c’est cet ouvrage là. Bon ben les gars vous pouvez finir. Pis là, vous en avez coupé trop hein…? C’est ça que ça fait, il est parti pis il arrêtait plus. Ok. Tiguidou. À tantôt les gars.

Un, deux, trois, GO

C’est une gang de gars avec certains problèmes de santé mentale ou d’autres problèmes de santé qui amènent les gens à avoir de la difficulté à travailler et à s’insérer dans le monde d’aujourd’hui. On ouvre une porte à ces gens là, qui traîneraient probablement dans la rue s’il n’avaient pas une job ici puis qu’il n’y avait pas un intérêt et du monde pour les accepter. Ces gars-là te redonnent plus que la majorité des employés en amour, en fierté en étant contents d’être là. Tu leur donnes un cercle social, souvent c’est ce qu’ils n’ont plus depuis plusieurs années.

Un ami, quelqu’un avec qui jaser de n’importe quoi. J’en ai un que ça faisait 5 ans qu’il n’avait plus de contact humain. Les contacts humains qu’il avait c’était… avec l’hôpital ou avec la police. Se faire dire beau travail quand ça fait longtemps que tu n’as rien fait, ça donne une structure, ça donne une fierté. C’est la base du rendement pour eux autres, c’est juste d’être accepté. Libérer un oiseau et libérer une batch d’ours ça donne du jus. Puis aider du monde, ça donne du jus on en a besoin de plein ici parce qu’on en a jamais assez. À chaque matin on prépare une portion comme ça pour tout nos orignaux, plus leurs branches. Ma job consiste en premier lieu à nourrir les animaux.

Quand on reçoit des animaux blessés, des orphelins, c’est nous qui s’en charge dans l’équipe de soin à leur donner les médicaments qu’il faut et tous les soins. On va décoller et aller nourrir çà. Il y a des petits confilts, mais ça fait partie de la game, même en nature. Ils ont une bonne qualité de vie.
Pas de stress de chasseur ou de prédateur. Une fois que l’orignal est imprégné à l’humain, c’est fini.
On pourrait les relâcher mais c’est du suicide, c’est sûr qu’ils seraient trop imprégnés. Comme eux, ils entendraient un 4 roues, ce serait un chasseur. Automatiquement, ils iraient dessus comme signe de bouffe Donc, une fois qu’ils sont imprégnés et nourris à la bouteille, c’est fini. On les garde pour toutes leurs vies.
Quand on a un animal qui rentre ici, blessé ou orphelin, et qu’on peut lui redonner la liberté, tu ne peux pas avoir un plus beau sentiment que ça. Et ça arrive souvent, on en relâche beaucoup à chaque année.

On les sauve

On en perd c’est sûr mais ceux qu’on sauve, on les sauve. Vous êtes combien qui rentrent ? Tu rentres-tu ? Aussi bien de tous rentrer en même temps. On va attendre qu’il se calment. Ils vont courir après Doc puis… ils vont se calmer après. Quand ils ont la paix, quand ils sont seuls dans leur environnement ça va Mais à partir du moment ou il y a des visiteurs, les loups sont vraiment nerveux, ils ont vraiment peurs. Dans un monde idéal, il ne faudrait pas de visiteurs du tout.

Mais c’est sûr que pour nous ce n’est pas viable, ça en prend. Veut ou veut pas, ils sont quand même une attraction au Refuge Pageau, les loups. Si on n’avait pas eux autres… probablement qu’on aurait pas eu la reconnaissance que l’on a maintenant. Probablement qu’on aurait moins de visiteurs aussi. C’est le nerf de la guerre à un moment donné, on a besoin d’argent comme tout le monde. Mais en même temps les visiteurs c’est une bonne chose aussi. Quand on fait visiter le refuge, on profite de cette vitrine là pour faire de l’éducation. Ça aussi c’est important.

Tu touches à ça c’est comme toucher à un chien. En tout cas, pour moi. Ça finit par être la même maudite affaire. C’est sûr que ça pue plus qu’un chien. À la longue d’être là dedans, tu finis par voir les loups aller, tu finis par comprendre, tu finis par être habitué à leur comportement. Juste en s’asseyant comme ça et en les voyant aller, tu en apprends beaucoup. Déjà en partant. Ouais, ça c’est ma face. Il y a tellement de monde qui viennent au refuge et qui nous demandent : Vous rentrez dans l’enclos ?

Comment vous faites pour aller les nourrir ?

Avec un petit drone… Ouais c’est ça. On leur lance par dessus et on court ben vite.
Ah oui, ça a changé énormément. Au début on se promenait dans la boue. Là on est rendus sur des trottoirs : les bâtiments, les enclos… le nombre de personnes qui viennent par année.
Tu passes une semaine sans venir ici et il y a de quoi de changé. Des fois j’essaie de faire des visites, je me promène sur le terrain avec du monde puis… j’apprends ce qu’il y a dans la cage avec eux autres. Ça arrive qu’il y a du monde qui disent : J’irai pas au refuge Pageau, j’y suis déjà allé trois fois quand j’étais petit. Oui mais il n’y a pas une visite pareille. Y’en a qui viennent à chaque semaine, c’est tout le temps différent. Je ne suis plus capable de rentrer dans le poste d’accueil. Il y a des photos de mon grand-père partout. Je vire fou. C’est encore trop frais. Juste le monde sur les réseaux sociaux, la vague de condoléance est même pas encore finie.Ah Michel Pageau, ça ne passe pas comme ça, ça a l’air.

C’était le père Noël

C’était un monsieur qui était vraiment généreux. Avec tout le monde, c’est pas pour rien que tout le monde l’aimait. Il était tellement généreux de son temps, de son écoute et de sa personne avec tout le monde que chaque personne qui le rencontrait s’en faisait un ami. On va sûrement…assurément se servir de cet héritage là pour continuer à dire faites attention aux animaux. C’est un amour qui est plus fort que selon moi, la plupart des amours entre les Hommes ce que lui avait pour les animaux.

J’ai perdu mon père, pis là j’ai perdu mon beau-père grand ami… C’est notre Maurice Richard… Pour nous autres, c’est plus la tristesse. Faque les répercussions sur ça, tu reviendras nous en parler dans 5 ans.
Là on les connaît pas encore. Nous autres, ce qu’on veut, c’est un autre grand coup de pied à dire qu’il faut continuer. Il a l’air alerte, quand même. C’est un Grand Duc.

Y’a du sang ?

Y’a pas l’air de vouloir…je pense pas qu’on se fasse snapper. On va aller essayer de l’hydrater et de le faire manger un petit peu. On va aller essayer de faire le mieux qu’on peut.